Ce petit montage, plus simple et moins élaboré que celui de Pierre, vous permettra de tester vos condensateurs
jusqu'à 350V. Dans la mesure où l'on puisse faire confiance à ce phénomène, il permet aussi de reformer les
condensateurs. Bien entendu, il ne peut faire de miracle et sauver des condensateurs complètement en court-circuit
ou complètement secs. Vous pourrez bien entendu adapter ce montage à vos besoins, en ajoutant d'autres tensions et
éventuellement monter jusqu'a des tensions de service de 500V.
Principe du testeur de condensateurs
La construction de cet appareil ne nécessite qu'une poignée de composants.
Nous avons un transformateur donnant approximativement 280V alternatif que nous
redressons avec une diode 1N4007 et que nous filtrons avec un condensateur de 10mF afin d'obtenir une tension
continue d'approximativement 400V. Une résistance de 330K / 2W est branchée en parallèle sur le condensateur afin
de le décharger après un arrêt de l'appareil (il aidera aussi à décharger celui qui est éventuellement branché sur
les bornes de sorties...)
Cette tension est ensuite régulée par l'intermédiaire de 3 diodes zeners de 5W en série (une de 100V et 2 de 120V
pour un total de 340V).
Les diodes sont protégées par une résistance de 50K
qui limite le conrant à environ 8 mA en cas de court-circuit (la limite d'intensité dépend évidemment de la tension
d'alimentation).
Le circuit se termine par une résistance de 100 ohms aux bornes de laquelle nait une tension proportionnelle à
l'intensité qui traversera le condensateur branché sur les plots de sortie. Cette tension est envoyée à un galvanomètre que vous calibrerez avec une résistance.
Je n'ai pas mis de valeur particulière pour cette résistance car elle est fonction du galvanomètre que vous aurez
sous la main pour effectuer le montage.
Grace à ce système :
Il est a noté que j'ai mis des zeners de 100V et de 120V sur le montage, mais vous pouvez mettre ce que vous voulez
pour disposer d'autres tensions sur les bornes de sortie.
Ce qui compte, c'est que la résistance de protection soit efficace
afin de ne pas claquer les zeners.
Comment calculer cette résistance de protection ?
Reprenons notre exemple. Nous avons une tension disponible avant la résistance de protection de 400V.
La zener est une 100V de 5 watts.
D'abord prenons une marge de sécurité comme pour les résistances : ce n'est pas parce que la zener peut
supporter 5 watts, qu'il faut l'utiliser à son maximum admissible, même si il existe des marges de sécurité
chez certains fabricants.
Mettons que nous ne l'utiliserons qu'à 70% de sa puissance soit 5 x 0,7 = 3,5 watts
Quel est l'intensité maximum supportée par cette zener pour une puissance de 3,5W ?
Prenons P : puissance, U : tension, et I : intensité
Appliquons la règle P = U x I, nous aurons 3,5 = 100 x I
et I =3,5/100= 0,035 soit 35mA
Vous vous rappelez que la tension initiale est de 400V et que notre zener est une 100V, donc la chute de tension
dans la résistance doit amener la tension initiale de 400V à 100V. Cette chute est égale à 400 - 100 = 300V
Quel est la valeur de la résistance qui fera chuter une tension de 300V lorsqu'elle est traversée par
un courant de 35mA ?
Il suffit d'appliquer la loi d'ohm : U = R x I ou en ce qui nous concerne R = U / I
R = 300 / 0,035 = 8570 ohms
Avec 8570 ohms, nous nous assurons que l'intensité maximum qui traversera la zener sera de 35mA et notre zener
sera bien protégée.
Bon, voila notre plus petite zener protégée. Si nous en avons plusieurs en série, la même résistance assurera
une protection encore meilleure puisque la chute de tension nécessaire sera moindre et qu'en plus les zeners en série
se partageront la puissance à dissiper.
Dans mon montage, j'ai pris une précaution extrême avec une résistance de 50K :
d'une part pour surprotéger les zeners pour qu'elles ne chauffent pas
et surtout, pour limiter l'intensité disponible aux bornes de sortie à 8mA, afin de ne pas faire trop chauffer le condensateur si sa résistance interne est faible. Evidemment, le temps pour reformer le condensateur risque d'être plus long, mais cela nous prévient de toute explosion....
Utilisation du testeur
A la première utilisation, court-circuitons carrément la sortie avec un cordon de mesure. Le galvanomètre doit
indiquer 8mA. En fait il doit indiquer l'intensité maximum que l'alimentation peut délivrer à travers la
résistance de protection de 50K, donc ici, 400/50000 = 8mA.
Si tout va bien, éteignez l'appareil et enlevez le court-circuit
Branchez un condensateur neuf sur les bornes prévues à cet effet
en faisant bien attention de respecter la polarité, choisissez la bonne tension avec le sélecteur et
allumez l'appareil. L'aiguille va monter d'un coup et indiquer une intensité de 8mA puis va redescendre très
rapidement pour se stabiliser sur une intensité de quelques dizièmes de milliampère.
C'est ce que doit se passer avec un condensateur neuf. Eteignez l'appareil et enlevez le court-circuit
Branchez maintenant un ancien condensateur. Si l'aiguille redescend rapidement, c'est bon signe, le condensateur
n'est peut être pas en si mauvais état. Si au contraire l'intensité descend mais qu'elle le fait, très doucement,
il va falloir être patient et laisser le condensateur se reformer. Cela peut prendre de quelques minutes
à plusieurs heures, (ca peut ne pas fonctionner du tout !!!).
Dans le pire des cas, si vous voyez après plusieurs heures de branchement que votre galva est toujours sur
la position maximum, ou du moins stabilisé à une intensité supérieure à la normale, vous pourrez jeter le condensateur
sans regret...
Il se peut aussi que l'aiguille reste sur 0 et ne bouge même pas à l'allumage de l'appareil. Cela indique que le
condensateur est coupé à l'intérieur, la aussi, poubelle...
Courant de fuite des condensateurs
Quand je parle d'intensité acceptable (ou normale), je vous invite à vous connecter sur l'excellent site
Carnets tsf sur la rubrique reformage
des condensateurs Vous y trouverez, une mine d'information ainsi qu'un tableau récapitulatif des courants de
fuites acceptables en fonction de la valeur et de la tension de service des condensateurs testés. Le tableau est
tellement bien fait que je l'ai collé dans le couvercle du testeur. Je vous invite en passant, à regarder le reste
de ce site, il est étonnant et très intéressant et vous trouverez aussi, d'autres schémas de testeurs de
condensateurs.
Une fois le condensateur considéré comme bon (ou reformé si on peut dire...), je vous conseille de le débrancher
de l'appareil (alors qu'il est chargé), de le laisser 2 ou 3 minutes de coté et de mesurer ensuite la
tension à ses bornes avec un volmètre avec une haute impédance d'entrée pour ne pas trop le décharger.
Si le condensateur est bon,
la tension en doit pas avoir chuté (ou presque pas). Si la tension est faible, malheureusement, le condensateur
ne tient pas la charge et il risque d'être bon pour la poubelle. J'ai eu sous la main des condensateurs de 50mf
sous 385V, que j'ai reformé. L'intensité au final était très faible, de l'ordre de 0,2mA. En débranchant le
condensateur ne serait ce que 30 secondes, il n'était plus chargé... En utilisation, il ne filtrait quasiment rien
et pourtant sa résistance interne était énorme et au capacimètre il avait bien la bonne valeur... verdict :
poubelle...
Petite précision
A cet heure, je ne peux pas affirmer qu'un condensateur reformé fonctionnera aussi bien qu'un condensateur neuf. |
Condensateur en test
Intérieur de l'engin (le cablage ne va pas plaire à certains :-) )
Les résistances qui limitent l'intensité (5 résistances de 10K en série)
La version finale, avec le cadran calibré
et le tableau des courants de fuite dans le couvercle
Test du montage
J'ai laissé branché l'appareil tout une nuit en court-circuit et il n'y a pas déchauffement excessif vu que le courant
est limité à 8mA ce qui fait qu'avec 400V d'alimentation, nous avons une dissipation de 3W. Dans mon montage,
j'ai mis 5 résistances de 10K de 5watts chacune (je suis donc extrêmement large !). C'est plus que surdimensionné
mais c'est pas plus mal, on est jamais trop prudent. Le transfo est petit, c'est un 30VA et il ne chauffe pas du tout.
Bonne construction. Nous vivons une époque moderne....