Redresseur NEUTROPHON modèle V250



(Rénovation)




1. Présentation de l'appareil

Cet appareil danois est un redresseur qui servait à alimenter les postes prévus pour un secteur de 220V continus, à partir d'un secteur 220V alternatifs.



La face avant est très simple :



et le boitier est assez profond :



A voir la tôle ajourée, cela devait bien chauffer là-dedans !



2. Schéma

Pour relever le schéma qui devrait être simple, il faut déjà ouvrir l'appareil. La partie supérieure du boitier tient par 4 vis au socle;


Les composants à ailettes sont les redresseurs au sélénium, ils sont vraiment imposants ! (cliquez pour agrandir)




Il y a aussi un transfo et une grosse self (cliquez pour agrandir)




Et un double condo de filtrage

Vue de dessus :


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Deux condos entre chaque pôle du secteur et la masse du boitier (qui est reliée à la terre)

Bref, rien de bien compliqué. Voici le schéma que j'ai relevé :


(cliquez pour agrandir)

Il y adeux particularités dans ce schéma :
- le transfo secteur, est un vrai transfo d'isolement, pas un autotransfo et il comporte des prises au primaire et au secondaire afin d'ajuster la tension redressée en fonction du courant consommé (en effet, suivant ce courant, la chute de tension dans les redresseurs varie)
- le constructeur à choisi d'utiliser 18 éléments Sélénium par branche du pont. Or, les grands redresseurs n'en comportaient que 32 chacun, il a donc ajouté un troisième redresseur à 8 éléments. C'est un peu bizarre mécaniquement, surtout qu'il était possible d'ajouter les 4 éléments au bout des 32 ...



3. Mesures

J'ai bien entendu testé cet appareil tel quel, en le chargeant par des ampoules de 220V :

- avec une ampoule de 28W, la tension redressée était de 180V
- avec une ampoule de 70W, elle n'était plus que de 100V !

J'ai alors relevé la caractéristique d'un groupe de 4 éléments :

Intensité redressée en fonction de la tension directe

Comme on peut le voir, cela veut dire que pour, mettons 250mA redressés, la chute de tension dans le redresseur sera de 2,5V par élément, soit environ 45V par branche du pont (donc 90V en tout)

Conclusion : tel quel, cet appareil ne peut pas rivaliser avec un redresseur moderne...
Je ne vois donc qu'une solution : le moderniser !



4. Schéma du régulateur

Et pourquoi se limiter à un simple redresseur ? Il y a la place dans le boitier pour installer carrément un régulateur.
Et comme j'aime bien les lampes, ce sera un régulateur série à triodes de puissance ...

Voici son schéma :


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Vous pouvez rélécharger le schéma en PDF ici.

Ce schéma est classique : 2 double-triodes 6080, toutes en parallèle forment l'élément à résistance variable, le ballast.
L'ampli de différence, à pentode, compare la tension de sortie grâce à un pont diviseur entre cette tension et une tension de référence, à -50V environ (en fait, le point de jonction des 2 résistances du pont est à un potentiel fixe de -1V qui est la tension de polarisation de la lampe)
La tension de référence, négative, est créée par un redresseur annexe et stabilisée par un néon.
Le potentiomètre permet d'ajuster une fois pour toute la tension de sortie à 220V, en fixant le rapport des 2 résistances du pont.

Ainsi, si la tension de sortie tend à baisser à cause d'une augmentation du débit, la pentode débite moins, la tension sur les grilles des triodes augmente, avec pour conséquence une diminution de la résistance de ces triodes : la tension de sortie a alors tendance à remonter. (ce raisonnement est valable si au contraire, la tension de sortie tend à augmenter psuite à une diminution du débit de sortie)
Sur le schéma j'ai indiqué les tensions à vide et en charge : on voit que la tension sur la grille de la pentode est quasiment constante (-1V). Tout se passe donc comme une bascule dont le pivot serait la tension de grille de la pentode, -1V. Le courant traversant les 2 résistances du pont est le même, puisqu'aucun courant ne peut entrer ni sortir de la grille. On a donc en permanence égalité des rapports tension de sortie/tension référence et résistance du haut/résistance du bas.

Le redresseement est confié à un pont moulé et un gros condo de filtrage (d'alim à découpage).
A noter qu'un second petit transfo délivre les tensions de chauffage des lampes (6V pour la pentode et 12V pour les 2 double-triodes en série)



5. Construction

Voici quelques photos de la construction de ce régulateur :



Démontage des 2 redresseurs (en haut, le pont complet 18+14 éléments, en bas, le demi-point de 4 éléments)



Il reste à enlever la self de filtrage et le condo de filtrage




Le châssis des 3 lampes (cliquez pour agrandir)



Deux cornières alu supportent 2 morceaux d'époxy. Rivets pop pour aller plus vite ...

Les lampes utilisées :

La pentode 6AU6 est une miniature



La double-triode 6080 est une octale



Implantation des transfos, du pont redresseur et du condo de filtrage (cliquez pour agrandir)



T2 doit pouvoir délivrer 12,6V sous 2,5A et 6,3V sous 0,3A.



Le redressement. Une résistance décharge le condo lors de la mise hors tension pour éviter les coups de bourre ...



Le circuit de la tension négative de référence et son néon de stabilisation



Le châssis du régulateur à lampes est surélevé par des tiges filetées



Câblage du circuit de chauffage



Câblage du régulateur terminé (cliquez pour agrandir)



Les résistances de 100 ohm 1/2W étaient trop justes, elles ont cramé assez vite, je les ai remplacées par des 47 ohm / 4W (cliquez pour agrandir)



Installation des lampes. Les 6080 sont quand même assez grosses ... (cliquez pour agrandir)



Vue de dessus



Vue côté gauche

Les essais ont montré que ce régulateur fonctionne très bien. J'ai même poussé jusqu'à 100W ! Ce qui fait pas loin de 500mA ...






Vivent les lampes !