Un megohmetre à lampe



Dans mon cas, il ne s'agit pas d'une construction à part entière mais d'une modification de mon testeur de condensateur auquel j'ai rajouté une fonction megohmètre. Mais, le circuit peut être utilisé complètement à part car il se suffit à lui seul. D'ailleurs je l'appelle megohmètre mais en fait ce montage peut monter au moins à une dizaine de Gigohms si on le monte en prenant des précautions.

Je n'ai pas chercher à faire dans l'original car le schéma utilisé est inspiré de celui utilisé dans les testeurs de condensateurs SPRAGUE. Les testeurs de condensateurs Sprague sont parmis les meilleurs de l'époque et surpasse bien des équipements tant leur fonction sont nombreuses et pratiques. C'est certain, si je dois en possèder un ca sera un Sprague !!!



Etudions le schéma

Voila le schéma de principe de chez Sprague.

isolation TO4.gif, 18kB


On voit que c'est on ne peut plus simple. Bien sur, la lampe en question (une 6C4) sert a bien d'autre fonction dans l'appareil d'origine, mais l'avantage de la documentation est quelle donne les schémas de principe utilisés pour chaque fonction de l'appareil.


Voila le schéma utile

schemameg, 6.7K

La masse est flottante. Vous pouvez toujours la relier au chassis, mais ce chassis ne devra pas être relié au négatif de l'alimentation.

Dans l'appareil d'origine, la tube était réglé une fois pour toute avec la résistance variable de cathode. Et on étalonnait l'appareil, en réglant la tension d'alimentation, (à droite sur le montage, libellée ADJ VOLTAGE)

Moi, j'ai fait l'inverse. J'ai mis une tension fixe et j'utilise la résistance de cathode pour étalonner. la tension peut être de 250V à 350V, mais pas en dessous de 250V car on est au limite pour avoir le débit de 250V, n'oubliez pas que l'alimentation se fait via un pont diviseur et que même avec 250V sur la plaque il n'y a pas 250V entre plaque et masse (le - de l'alimentation n'est pas à la masse mais derrière une résistance de 25K). Si possible essayez de stabiliser cette tension avec des diones zeners.

Une fois que c'est réglé on a pas beaucoup à y revenir, mais, compte tenu des fortes valeurs de resistance (notamment dans le pont diviseur sur la grille), le montage est assez sensible aux variations de température si les résistances ne sont pas de bonne qualité.

Dans mon cas, j'ai pris une alimentation de 250V. 350V peut aussi convenir, il suffira dans ce cas de règler la résistance variable de cathode afin d'avoir la pleine échelle sur le cadran.

A gauche du schéma, la prise pour brancher le condensateur à mesurer. Cette prise devra être de bonne qualité et bien isolée car ce montage si il est bien réalisé peut arriver dans les extrêmes à mesurer des valeurs de quelques dizaines de gigohms. (on va dire que c'est lisible jusqu'a 6 ou 8 Gigohms, au dela c'est vraiment une approximation)

Le galva M1 doit être calibré pour être à pleine échelle lorsque le tube débite 5mA (du moins si je me cale sur les valeurs utilisées dans le TO-4). Donc vous devrez calculer la résistance de shunt du galva pour que l'aiguille arrive à pleine échelle lorsque l'intensité sera de 5mA. Dans mon cas, j'avais calibré mon galva de testeur de condensateur pour avoir 1V à pleine échelle que je récupèrai sur une résistance de 100 ohms, ce qui correspondait à 10mA. Dans le cas du megohmetre, j'ai donc mis une résistance de 200 ohms pour avoir mes 1V avec 5mA d'intensité.

Le principe de mesure est simple.

On observe sur le schema que lorsque l'appareil est bien étalonné, on a 150V entre masse et point négatif du condensateur. Ce qui veut dire que le coté négatif du condensateur est à -150V par rapport à la masse.

On branche le condensateur sur la prise prévue à cet effet. Il se charge progressivement. Un interrupteur permet d'accélérer la charge qui peut prendre plusieurs minutes si le condensateur est gros. Plus le condensateur est fuyard, plus la grille sera polarisée en négatif. Donc le débit du tube va se réduire, ce qui se traduira par une baisse de valeur sur le galva.

Si en revanche, le condensateur est parfait, la polarisation de la grille ne changera pas, le débit sera maximum et l'aiguille sur le repère maximum sur le galva.

Bien sur, toute les variations entre ces extrêmes sont possibles et c'est tout l'intérêt de cet appareil. Le montage étant vraiment fait pour les grosses valeurs de résistances, vous ne pourrez pas tester des résistances inférieures à 20 ou 30 Megohms car la déviation de l'aiguille sera bien trop faible. (la première graduation équivalent à 25Mohms, correspond à peine à 1/100ème de la déviation totale et au 3/4 du cadran nous arrivons à 1.5 Gigohms)

Bien entendu, le souci majeur de cet appareil est qu'il est sensible à la température, à l'humidité et à l'ensemble des composants que vous utiliserez pour sa conception, car l'isolation des prises, les fils utilisés et le support de lampe doivent être de bonne qualité pour mesurer des résistances de plusieurs gigohms. D'autres part vous aurez besoin de l'étalonner et c'est pas évident d'avoir sous la main des étalons de plusieurs gigohms.

L'appareil est tellement sensible que rien que le fait de souffler sur un condensateur fait varier sa température ainsi que son isolement et ca se traduit par un mouvement de l'aiguille sur le galva....>



La construction

J'ai transféré le contenu de mon ancien boitier de testeur de condensateur dans un nouveau car je n'avais pas assez de place. Mon ancien testeur permettait de mesurer le courant de fuite des condensateurs jusqu'a 500V par commutation de diodes zeners.

Daniel Bélanger reconnaitra le boitier, il s'agit d'un ancien ampli utilisé pour le montage de film qui se branchait sur la table de montage. J'ai tout démonté, gardé le contenu à part pour un futur montage et juste gardé le boitier et le cordon d'alimentation.

exterieur-meg.jpg, 31kB

J'ai recablé comme à l'origine et j'ai rajouté un commutateur pour avoir une tension fixe de 250V dans le cas de l'utilisation de la partie megohmètre. Si vous voulez construire un appareil ne servant qu'a une fonction de megohmètre, il vous suffit d'avoir une alimentation filament pour la lampe et une tension fixe entre 250V et 350V (la résistance de cathode permet d'étalonner l'appareil) J'ai récupéré un transformateur de magneto cassette que j'aire bobiné pour avoir 6,3V afin d'avoir ma tension de chauffage pour la 6C4.

Voila ce que ca donne dedans. Un peu bordélique comme la plupart de mes montages :-) mais bon, ca fonctionne....

Voila l'intérieur du testeur complet

interieur2-meg.jpg, 75kB


Et en particulier la platine megohmètre (cablée comme un porc....)

circuit-lampe.jpg, 58kB


Sur le dessus du boitier la prise de mesure. En fait j'en ai rajoutée une séparée ce celle qui mesure le courant de fuite des condos car je devait faire des commutations et l'isolement des commutateurs à galette ne me satisfaisait pas. A droite des 2 prises, le bouton qui permet d'accelerer la charge du condensateur et d'éviter d'attendre plusieurs minutes que l'aiguille se stabilise avec des gros condensateurs. J'ai mis les prises sur une plaquette de bakelite pour gagner un peu en isolation. C'est une plaquette Anterre/Terre de poste... Et la différence se sent en isolation par rapport au même montage monté directement sur le boitier métallique (donc prudence... tout rendre en ligne de compte avec des mesures en gigohms.)

prise-meg1.jpg, 32kB




Les mesures

D'abord j'ai du étalloner le cadran. Ce qui n'a pas été une mince affaire vu que l'appareil peut monter au moins à 10 Gigohms (30 Gigohms d'après Sprague... Je demande à voir...) Du coup je n'ai fait que les graduations jusqu'à 1,5 gigohms ce qui me suffisait dans un premier temps.

Pour y arriver, j'ai mis en série des dizaines de résistances de 22 Mohms, j'en avais une boite pleine que Pierre m'avait donnée. Comme c'est des résistances agglomérées, donc des merdes sans nom au niveau de la précision, je les ai mesurées une par une avec un de mes meilleurs multimètre et j'ai fait des addition. Compte tenu des erreurs de chacunes par rapport à la valeur qu'elles auraient du avoir, j'ai fait des repères tous les 100Mohms environ (quitte a rajouter une résistance fixe a part pour arriver juste à la bonne valeur).

Voila l'étalon de mesure, enfin si on peut dire...

bancmesure.jpg, 49kB


Grace a ce nombre impressionnant de résistances, j'ai pu graduer les 3/4 du cadran. Le dernier 1/4 permet d'après la documentation Sprague de monter jusqu'a 30 Gigohms. Mais bon, la précision laisse a désirer. Cela dit , qu'un condo fasse 8 ou 9 Gigohms je m'en fiche je le considèrerais comme bon. En général je mettais systématiquement de coté les condensateurs donnant moins que 50Mohms sur les postes que je dépannais. Quand mon multimètre indiquait l'infini (donc plus que 50 Mohms sur le meilleur que j'ai) je gardai le condensateur. Donc la, ca va, j'ai de la marge et la plupart des multimètres, même les meilleurs peuvent retourner dans leur tiroir parce que le gigohm n'est pas dans leur gamme de mesure, le but est donc atteint avec ce montage.

Voila le cadran. La partie du haut sert pour le courant de fuite sur les chimiques et electrolytique HT (de 0 à 10mA) , la partie basse concernent les mesures de résistance des condensateurs de faibles valeurs (papier, plaquette, mica, etc) :

cadran.jpg, 18kB

Allez au travail ! Je branche un condensateur de récup que je considèrais comme bon parce qu'il dépassait les 50 MOhms.

prise-meg2.jpg, 34kB

test2-meg.jpg, 19kB

L'aiguille dévie, pour se stabiliser aux alentours de 210 Mohms. De mon coté je considérai ce condensateur comme étant bon, mais un condensateur récent et neuf de bonne qualité ne fait pas bouger du tout l'aiguille, elle reste à fond à droite donc on peut considérer que malgré tout ce condensateur n'est pas si parfait.

D'ailleurs voici quelques informations données par Sprague concernant les valeurs de résistances des condensateurs. Ces valeurs sont les valeurs minimum qu'on doit avoir pour considérer le condensateur comme correct. C'est édifiant !!!

Mica >3 Gigohms
Mica argenté >6 Gigohms
Céramique >7,5 Gigohms
Papier > 1 Gigohms / Microfarad
Moulé > 5 Gigohms
Condensateur film > 10 Gigohms (n'ont pas besoin d'aller au dela de 25 Gigohms)

Tout ca pour dire que si on s'estime heureux d'avoir 100 Mohms sur un condensateur on est loin du compte et effectivement les condensateurs modernes ont une isolation absolument gigantesque.

Voila ce que ca donne au final. Je n'ai pas fini la sérigraphie, je ferai ca plus tard mais bon, c'est fonctionnel.

megohmetre.jpg, 39kB



Voila. J'espère que ce petit montage facile à réaliser vous aura plus. Il pourra vous rendre bien des services car les multimètres, même moderne ne monte pas aussi haut en mesure.