Rénovation d'un poste AMO des années 30 pour la réception de la FM

Circuits audios : amplificateur de puissance

10. Cahier des charges

Même si la partie HF n'est pas complètement terminée (le cadran définitif n'est pas fait, ni la commande de commutation de gamme, ni l'éclairage du cadran), il est temps de réaliser l'amplificateur audio.
Et puis c'est tout de même la partie la plus intéressante du projet, même si je me suis fait plaisir avec la mécanique de la ficelle ...
Dans un premier temps, il va même servir à étalonner le cadran, du moins à tester la réception (partie HF), même si pour ce faire, il n'a pas besoin d'être complet. Par exemple, on peut très bien envisager de commencer avec le strict minimum et d'ajouter au fur et à mesure les fonstionnalités (commutation des HP, réglages de tonalité ...)

Quelles sont les grandes lignes du cahier des charges de cet ampli :

- stéréo : bien sûr, puisque les émissions FM sont en stéréo. Donc en fait, il faut deux amplis identiques !
- puissance "raisonnable" : en effet, il est prévu entre autres, un fonctionnement en "stand alone" c'est-à-dire avec un seul HP interne (comme un poste d'époque donc); or les dimensions de la caisse et les éléments qui y sont installés ne sont pas prévus pour une forte puissance. Bon, on peut partir sur une puissance efficace de l'ordre de 4 à 5 Watts (mais ce seront des "vrais" watts, des watts efficaces !)
- niveau compatible avec le niveau en sortie du démodulateur/détecteur : il sera à déterminer expérimentalement. Cela veut dire qu'il faut prévoir à la conception un étage d'adaptation réglable, ou du moins paramétrable facilement (en plus du réglage standard de volume)
- sorties sous une impédance standard, 8 ohms.
- alimentation : dans un premier temps, on peut faire fonctionner avec une alim de labo et l'étudier ensuite. Dans ce cas, il faut réserver de la place pour l'alim future interne
- dimensions du châssis : 180 x 100 mm, ce qui correspond à l'espace libre du châssis actuel (en ayant un peu de marge sur les bords). Ces dimensions correspondent aux 2 amplis, donc on pourra faire 2 modules identiques (100x90 ou 50x180).
- technologie : tubes électroniques. C'est la contrainte de départ, car on veut avoir un son d'époque. Sinon, il suffisait de mettre 2 circuits intégrés et en 10 minutes l'ampli était fait ... En revanche, on utilisera des tubes dans les séries récentes et largement utilisées (Noval, 9 broches donc, ou Miniature 7 broches). Outre le fait que ces tubes prennent le moins de place, ils sont encore facilement trouvables à des prix raisonnables.

Voilà, il n'y a plus qu'à se lancer ...



11. Etage de puissance : étude préliminaire

C'est le dernier étage d'un amplificateur mais c'est par lui que doit commencer la conception; en effet, la principale caractéristique d'un ampli audio est sa puissance BF, c'est-à-dire en fin de compte, la puissance sonore que l'on veut obtenir.
En l'occurence, la puissance désirée correspond à la puissance que les postes de radio fournissaient en général. On a donc le choix au niveau de la lampe. Cependant, on va rester simple : une pentode en classe A des années 50 conviendra très bien.

Regardons tout d'abord le schéma de principe d'un étage de puissance à pentode :



La pentode est une lampe à grille écran (la grille 2) qui est portée à une tension élevée (en général la HT disponible). La grille 3 est très souvent reliée à un potentiel bas, en général celui de la cathode et pour simplifier, elle est reliée à celle-ci en interne. L'anode est alimentée également par la HT disponible, mais au travers de l'impédance de charge Za (impédance car ce n'est pas vraiment une résistance pure comme on le verra par la suite). Enfin, la grille 1 est portée à un potentiel négatif, la polarisation.
Ce circuit est un amplifcateur de tension : la tension (alternative) qui est présente aux bornes de Rg est multipliée par un facteur k par la lampe et le produit se retrouve aux bornes de l'impédance Za. On peut écrire : Us=Ue.k
k est négatif, ce qui veut dire que Us et Ue sont de signe contraire, ces 2 tensions alternatives sont donc en opposition de phase. On peut tabler sur une valeur de k de l'ordre de -50.

En pratique, il est plus simple de modifier un peu le circuit au niveau de la polarisation car le premier circuit oblige à avoir un générateur de tension négative par rapport à la masse :



Cette manière de procéder s'appelle "polarisation automatique". La grille 1 est au potentiel 0V, et le courant cathodique de la lampe, produit aux bornes de Rk une tension positive opposée à la valeur C du schéma précédent. Bien entendu, la résistance Rk doit être découplée par un condo Ck afin qu'elle ne produise pas de contre-réaction.

Tels quels ces circuits de principes sont inutilisables : il faut pouvoir injecter la tension d'une source et récupérer une énergie dans la charge. On ajoute donc un condo d'attaque et on remplace la charge par un transfo d'adaptation d'impédance car la charge, un haut-parleur, a une impédance faible :



Les valeurs en bleu correspondent à la pentode EL84 largement utilisée (et toujours d'ailleurs, dans les amplis de guitare par exemple). Quelle ques soit la lampe, on a une infinité de possibilités quant aux réglages de polarisation (tension de grilles et d'anode). Mais la puissance maximale que l'on peut obtenir d'une lampe est limitée. Donc en général, le constructeur proposait une ou deux polartisations possibles, proches de la puissance maximale (il est idiot de ne pas sortir la puissance maximale)
Je possède un recueil de caractéristiques détaillées de tubes BF :



Dans lequel la EL84 est présentée :



Le constructeur propose 2 fonctionnements en classe A :




J'ai choisi le second. Il y avait une erreur sur le document d'origine (anodique au lieu de grille 1) et j'ai noté la correspondance avec le schéma :



On voit qu'on peut espérer 4W dans une charge de 7000 ohm, à condition d'attaquer la grille avec 3,5Veff (soit 4,9Vcrête). Le courant anodique moyen sera de 36 mA environ.
Le premier fonctionnement donne plus de puissance, mais le courant d'anode atteint 48 mA. Ce n'est pas vraiment utile ...
Voici aussi la caractéristique Ia=f(Va) avec la droite de charge de 7000 ohm :



Q est le point de repos (-8,4V / 250V) qui correspond à Ia=36mA. Lorsqu'on attaque la grille avec 3,5Veff, soit 5Vc environ, la tension de grille varie de -3,4 à -13,4V. La première alternance (0 à -3.4V) fait varier la tension d'anode de 228V, ce cui correspond à une puissance de l'ordre de 3,7W. Mais la seconde alternance n'est pas aussi saturée que la première et on peut espérer une puissance de 4,2W en moyenne, mais avec de la distorsion (dûe à la saturation vers la zone à gauche de ce réseau de courbes qui correspond à la saturation effective de la lampe)



Revenons à notre schéma ... Ck doit être calculé de façon à ce que la fréquence de coupure basse soit de l'ordre de 20 Hz (si on veut pas mal de graves). De même Cg sera calculé de la même manière. En fait c'est le produit Ck.Rk et le produit Cg.Rg qui doivent être supérieurs à une certaine valeur.
Par exemple, si on veut une fréquence de coupure basse de 20Hz, on doit avoir R.C > 1/(20.2.pi) soit RC > 0,008.
Ensuite, voyons le transfo. Ce transfo est appelé "transfo de sortie", mais c'est un transfo d'adaptation d'impédance : il n'existe pas de HP de 7000 ohms!
Donc ce transfo agit comme une boite de vitesses de voiture, c'est un réducteur, il diminue la vitesse mais augmente le couple. Le HP de 8 ohm est vu par la lampe comme une charge de 7000, grâce au rapport de réduction.
Les impédances sont dans un rapport égal au carré du rapport des spires. Donc pour passer de 7000 à 8, on a à peu près un rapport de 900. Donc le transfo doit réduire de 30 (racine carrée de 900). La valeur exacte est racine carrée de 7000/8 soit 29,58.

Voici pour finir le schéma avec toutes les valeurs :



Les valeurs des condos ont été prises "larges" : Ck de 100µF donne une fréquence de coupure de moins de 10Hz et Cg de 100nF une fréquence de coupure de 3Hz. C'est peut-être du luxe, mais c'est obligatoire car le transfo lui-même a une fréquence de coupure basse donc inutile de faire un ampli étriqué dans les graves ...



12. Etage de puissance : transfo de sortie

Voyons le transfo : c'est vraiment LE composant important. Il doit transmettre la puissance (de 4 à 5W) sans pertes et ce, sur le spectre audio.
Pour étudier tous les transfos que j'ai faits j'utilise "la bible" :



Première chose à faire, trouver la taille du fer, donc la section du noyau en utilisant cet abaque :




On voit que pour passer 5W, il faut une section de fer utile de 4 cm² (il y a une différence entre la section apparente, celle qu'on peut mesurer physiquement car il y a des "trous" entre les lames)
Cette valeur de Sa est la base du reste du calcul ... tout d'abord le nombre de spires au primaire :




On trouve que pour une section de 4 cm² et une HT de 250V, il faut 4500 tours au primaire. Cela détermine l'inductance du transfo donc la fréquence de coupure basse. Plus on a de tours, plus on passera les graves. Sauf qu'il y a un hic : il faut de la place pour toutes ces spires ...
Si le calcul de la racine carrée nous rebute, on peut utiliser cet autre abaque :




On trouve un rapport de 0,035 (soit 1/30) c'est un peu moins précis que le calcul, mais on s'en fiche un peu ...
Enfin, il reste à déterminer le nombre de tours au secondaire : 4500/30 = 150 tours

Et les diamètres des fils, grâce à cet abaque :



Au primaire, on table sur une intensité de l'ordre de 50 mA, il faut donc du fil de 15/100. Malheureusement, ce diamètre n'est plus standard, mais on peut ruser et faire 2 bobinages de 1/10 qu'on mettra en parallèle.
Au secondaire, l'intensité sera de l'ordre de 0,7A (4W sous 8ohm); du 6/10 sera parfait.
Dans mon stock j'ai retrouvé des tôles et des étriers provenant d'anciens transfos de sortie HS que j'avais démontés :



Les étriers sont prévus pour 37 tôles, c'est-à-dire pour un empilement de l'ordre de 19 mm. Cela ne nous fait que 3,8 cm². Tant pis, on verra pendant les essais si la puissance nominale passe bien ...
Du coup, il y a moins de place dans les fenêtres des tôles, il conviendra de diminuer un peu les nombres de spires.


Résumons :

- tôles E20, Sa = 3,8cm²
- Primaire : 3600 spires 15/100 (ou 2 x 3600 spires 1/10 en parallèle)
- Secondaire : 120 spires 6/10

Dans un premier temps, je vais bobiner un seul transfo pour équiper le premier ampli. Si les essais de ce transfo sont concluants je passerais à la suite (câblage de l'étage de puissance)

La construction du transfo est là.
Bon, le transfo a l'air opérationnel, passons au câblage ...



13. Châssis des amplis

Mais avant, il faut créer un châssis. J'ai choisi de découper le dessus du châssis déjà fabriqué de façon à pouvoir installer une plaque d'époxy cuivrée à la place :



La plaque d'epoxy en lieu et place de la plaque de plastique





Le dessous : entouré, un tasseau qui sert de support au coin de la plaque d'epoxy

Sur cette plaque, j'ai supposé que j'utiliserai 3 tubes électroniques par ampli (y compris la EL84 donc). Cela veut dire que je n'aurai que 2 supports pour étudier un préampli. Par exemple, je pourrai utiliser 2 double triodes, ce qui devrait suffire ...


Implantation prévue des amplis

On commence déjà par percer cette plaque. Voici un plan de perçage :


Perçage : cliquez sur la photo pour télécharger le plan en PDF

Une fois imprimé, ce plan est scotché sur la plaquette afin de pointer les axes des perçages ...


La plaquette percée



14. Etage de puissance : câblage

On peut commencer le câblage !


La plaquette équipée des supports des tubes, vue de dessous
Entourés en rouge et en bleu : les passages des fils du transfo, seules connexions à devoir traverser la plaquette. Entourés en vert/jaune : les supports des tubes


La plaquette, vue du dessus





Les traversées des fils du transfo




Les composants câblés

Cherchons une EL84 dans mon stock ...


Voici les seules EL84 que je possède

J'en installe une sur le support :



Et je me prépare à faire les premiers essais avec un générateur BF, une alim HT/chauffage et la charge simulant le HP :


Câblage des appareils pour l'essai



15. Etage de puissance : premier essai

Allez, mise sous tension, la EL84 chauffe ...



Première mesure, transmission à 1kHz :


En haut, le signal d'entrée, issu du générateur BF. En bas, le signal sur la charge de 8ohms.

On peut voir que pour 1Veff en entrée, on a 1,6Veff sous 8 ohm, ce qui fait une puissance de 0,32W.
Autrement dit, pour avoir 4,5W, il faudrait 6Veff aux borne de la charge de 8 ohm, soit 6/1,6 = 3,75Veff en entrée.

Seconde série de mesures, détermination de la saturation.
Pas facile de voir le début de saturation avec un sinus, le mieux est d'utiliser un signal triangulaire : à la saturation, on voit les pointes s'écraser :


A gauche : Ve=2Vcàc. A droite : Ve=4Vcàc. Pas de saturation




A gauche : Ve=6Vcàc. A droite : Ve=8Vcàc. Pas de saturation




A gauche : Ve=10Vcàc. A droite : Ve=12Vcàc. Pas de saturation




A gauche : Ve=14Vcàc. A droite : Ve=16Vcàc. Saturation

On dirait bien que la saturation apparaisse pour des valeurs d'amplitude sur la grille un peu faibles. Cela veut dire qu'on ne pourrait pas atteindre la puissance de 4W facilement.

Sur-saturation :
Que se passe-t-il si on attaque la grille avec un signal nettement supérieur à celui de saturation :


Sur-saturation

Avec 11V d'amplitude (donc 22Vcàc) on arrive à 5Veff dans la charge, c'est-à-dire un peu plus de 3W. En plus le signal est bien déformé ...



16. Etage de puissance : second essai (en "boostant" l'alim)

Pour retarder la saturation, le moyen simple est d'augmenter la tension d'alimentation. D'ailleurs, sans présager de ce que je vais faire du côté de l'alim, il est fort possible d'utiliser une HT de l'ordre de 300V.
Allez, on essaie :


A gauche : HT. A droite : Polarisation (Vk)

Voici quelques mesures effectuées en réglant le signal d'entrée afin d'obtenir une tension sur la charge correspondant à une certaine puissance :


Pour obtenir 1W dans la charge, le signal d'entrée doit avoir une amplitude de 4,4V




Pour obtenir 2W dans la charge, le signal d'entrée doit avoir une amplitude de 6,3V




Pour obtenir 4W dans la charge, le signal d'entrée doit avoir une amplitude de 9,8V

A noter qu'avec ce signal, la polarisation varie un peu, et le courant consommé sur la HT avoisine les 45mA :


A gauche : Vk, tension sur la cathode. A droite : intensité du courant de HT

Conclusion :

Si on alimente l'étage de puissance en 320-330V, la puissance disponible est de 4W et correspond à un signal d'attaque de grille de 10V d'amplitude environ (7Veff)

Voici le schéma remis à jour suite aux essais :



Essai en fréquence

Pour finir cet étage, quelques mesures en fréquence :


A 100 Hz, le signal triangulaire se rapproche (un peu) d'un rectangle avec des temps de montée/desencente non négligeables
Autrement dit, on a à la fois un effet dérivateur et intégrateur. Normal : l'ampli se comporte comme un filtre de bande, avec une fréquence de coupure basse et une fréquence de coupure haute.




A 1000 Hz, le signal triangulaire n'est pas trop déformé : on est en milieu de bande




A 10000 Hz, le signal triangulaire est bien "arrondi" : c'est l'effet intégrateur

On peut aussi tester les amplis avec un signal carré; l'avantage est qu'on voit bien les défauts :


A 1000 Hz, le signal carré est déformé
Comment analyser ce signal :
- Les pointes indiquent un effet dérivateur (une coupure passe haut, c'est essentiellement le condo de liaison à la grille mais aussi le transfo)
- une décroissance des paliers indique un effet intégrateur (une coupure passe bas créée par les capacités parasites dans la lampe mais aussi dans le transfo)
- les oscillations après les pointes dénotent une tendance à l'oscillation : ça c'est les bobinages du transfo.

Rien d'anormal. On va voir que grâce à un préamplificateur et une contre-réaction, tout va être "plus beau" ....



17. Etage driver : schémas

L'étage driver est un étage amplificateur en tension qui ajuste la tension disponible de la source à la sensibilité de l'étage de puissance.
Il constitue donc, avec l'étage de puissance, l'amplificateur à proprement parler :
- l'ensemble a une sensibilité donnée pour une puissance nominale (par exemple 1Veff pour 5W)
- l'ensemble a un gain régulé par une contre-réaction, et ce, sur une bande de fréquence donnée (par exemple 10Hz-50kHz)

L'étage driver comporte en général une triode :



C'est un étage classique à cathode commune, procurant un gain en tension (Us/Ue) de plusieurs dizaines. Avec une ECC83, ce gain peut atteindre 75.



La régulation de gain global ne fonctionne que si on un gain des étages important; or le gain de l'étage de puissance est faible (celui déjà étudié est de l'ordre de l'unité!), il faut donc que le gain du driver soit grand.
Je vais essayer de formuler tout ça pour fixer les idées ... Voyons déjà la modification qu'on doit apporter au schéma précédent pour qu'il se transforme en comparateur (en soustracteur est plus juste)



Il suffit de relier le retour de la résistance de cathode Rk non plus à la masse, mais à une résistance R1. Cette résistance R1 forme, avec R2, un pont diviseur de rapport k (=R1/(R1+R2) qui est relié au haut-parleur.
Si on suppose que la tension aux bornes du HP est Us, alors on retrouvera aux bornes de R1 une tension Us*k qui viendra s'ajouter à la tension de cathode, donc qui viendra se retrancher de la tension de grille.
L'ampli driver et l'ampli de puissance amplifieront donc la différence entre la tension d'entrée de l'étage complet et la tension sur le HP.
La régulation "s'arrangera" donc pour que la tension d'entrée et la tension sur le HP soient dans le rapport k, quelques soient les non-linéarités, les atténuations dues à la fréquence, bref les défauts de l'ampli sans contre-réaction.

Pour que cela marche comme ça, il faut que le gain des étages (on dit en boucle ouverte) soit grand devant le gain global que l'on désire, c'est-à-dire 1/k (on dit alors le gain en boucle fermée)
Grand ? Grand comment ? Disons que le gain en BO doit être au moins 10 fois le gain en BF

Sensibilité choisie :

Prenons une puissance confortable, en conservant une marge. L'ampli de puissance, on l'a vu arrive à sortir 4W. On va prendre la puissance moitié comme nominale, soit 2W. Pour 2W, on aura 4Veff sur le HP.
Pour avoir ces 4Veff je décide qu'il faudra 1Veff en entrée. Ce sera la sensibilité pour obtenir la puissance nominale divisée par 2. J'aurai donc une marge de 2 sur la puissance, soit 1,41 (41%) sur la tension d'entrée.
Le calcul du gain en BF est simple : 4/1 = 4. Il faut donc que R2 = 3xR1
Il n'y a plus qu'à essayer ...



18. Etage driver : câblage

Voici le brochage de la ECC83 :



Notez que cette lampe (comme d'autres comme les ECC81, ECC82 ...) comporte une prise médiane entre les 2 filaments. On peut donc la chauffer en 6,3V (les 2 filaments en parallèle) ou en 12,6V (les 2 filaments en série). D'ailleurs on a une indication de cette particularité dans les références européennes et américaines de la lampe :
Elle s'appelle en Europe ECC83 (le E veut dire : chauffage = 6,3V)
Elle s'appelle aux USA 12AX7 (le 12 veut dire : chauffage = 12,6V)

Bref, je pourrai donc chauffer les lampes en 6,3V ou en 12,6V ...

Câblage de cet étage :



Une seule triode est utilisée pour l'instant dans la ECC83



19. Etage driver + étage de puissance : essai en boucle ouverte

Le schéma est pour l'instant, celui-ci :



L'essai consiste à envoyer un signal en entrée de façon à ce que le signal de sortie soit, par exemple, de 4Veff (ce qui correspond à 2W dans la charge de 8 ohms) :


Le signal d'entrée a une amplitude de 0,16Vcàc, celui de sortie de 12Vcàc environ

Donc, le gain en tension de l'ensemble driver + puissance est de : 12/0,16 = 75
Petit calcul (théorique) pour voir si ce gain est suffisant pour obtenir un gain de 4 en BF :




20. Etage driver + étage de puissance : essai en boucle fermée

Il n'y a qu'à câbler les 2 résistances R1 et R2 :


Sur cette photo, je n'avais pas câblé la masse au niveau du secondaire du transfo, la continuité se faisait par la masse de l'oscillo (entourée)
On va voir que cet oubli m'a occasionné quelques déboires ....

Voici donc le schéma de l'ensemble amplificateur (driver + puissance) en boucle fermée :



Essais :

Bon cela a l'air de fonctionner :


Pas mal : 1Veff en entrée, pas loin de 4Veff en sortie; on a bien un gain très proche de 4

Et c'est là que les problèmes sont arrivés : j'ai voulu essayer le circuit en signal carré. Que s'est-il passé ? J'ai entendu comme un crépitement... puis le signal de sortie s'est déformé :


Le signal est déformé, saturé, il manque quelque chose ...

Après changement des 2 lampes, vérification de quelques composants, j'ai incriminé le transfo. Et comme de juste, une fois démonté de la plaquette de câblage, une fois détolé, voici ce que j'ai découvert :


Il y a eu arc électrique entre le bobinage et le noyau !

Je pense que malencontreusement, une pince croco d'une sonde de l'oscillo a fait mauvais contact, du coup le secondaire n'était plus relié à la masse, cela a fait un choc à l'entrée qui a été amplifié et on a eu un pic de tension au niveau de l'anode de la EL84, et l'isolant du transfo n'a pas tenu (la colle vynylique !)
Qu'à cela ne tienne, c'est réparable !


J'ai débobiné 181 spires jusqu'à la coupure

J'aurais pu me contenter de ne débobiner que ces 181 spires, mais j'en ai enlevé 550 pour obtenir 2750 spires, soit un rapport de transformation de 25:1 au lieu de 30:1.
Ainsi, l'impédance du HP vu de la lampe passe de 7000 à 5000 ohm. Cela me permettra sous 300V d'obtenir une puissance plus confortable !

Une fois le transfo réparé, j'ai isolé le bobinage avec du ruban adhésif (la colle n'était pas vraiment une bonne idée ...) :



Puis j'ai changé la résistance de polarisation de la EL84 afin d'avoir un point de repos correct (adéquat avec une charge de 5000 ohm), je l'ai passée à 135 ohm
Et j'ai refait l'essai :



Voilà, tout est redevenu normal, ouf !
Il est vrai que sous 300V, le circuit consomme beaucoup :



Les tensions n'indiquent rien de bizarre :


La polarisation de la EL84 est malgré tout un peu faible

Du côté de la ECC83, j'ai mesuré aussi les tensions :




Voici la caractéristique de la EL84 avec 300V sur la grille 2 :



En rouge, le bon fonctionnement, en bleu le fonctionnement actuel. Cela ne va pas du tout ! La droite de charge est en bonne partie au dessus de l'hyperbole de dissipation (12W).
Pas étonnant que j'ai des problèmes ... en fait l'anode de la lampe chauffe trop et au bout d'un moment doit produire une émission secondaire, perturbant carrément tout.

Le mieux est de revenir à 250V de HT ...

Je mesure de nouveau les tensions :





Et la conso sous 250V est déjà plus raisonnable :



J'ai aussi vérifié à quel moment on a la saturation :



Ouf, cela fait 4W, c'est bien et c'est suffisant.

Voici donc le schéma mis à jour, avec les nouvelles tensions relevées :



Enfin, j'ai fait un essai en carré :


ah tiens, voilà autre chose ...

Agrandissons le signal, pour y voir mieux :


Ce sont des oscillations preuve que le circuit est à la limite de stabilité

On voit que ces oscillations ont une période de 85/5 = 17 µs, ce qui fait une période de 60kHz environ. Cela, c'est très certainement le transfo. Il va donc falloir assagir le montage ...



21. Etage de puissance : amortissement

En fait, pour "assagir" l'ampli qui a tendance à osciller autour de 60 kHz, il suffit d'amortir le primaire du transfo à partir d'une certaine fréquence en installant un réseau RC :


Le réseau Rt/Ct est variable, ce qui va permettre de chercher la bonne valeur

En fait, on retrouve là un réseau que l'on trouvait dans les amplis de postes de radio et qui servait -soit disant- à obtenir un réglage de tonalité, sauf que dans notre cas, ce réseau n'agira pas sur la tonalité puisqu'il es contre-réactionné. Si on veut un réglage de tonalité il faut agir avant l'entrée de l'ampli, ou bien carrément sur la contre-réaction.
Non, là, ce réseau ne sert qu'à amortir le transfo. Pour trouver la bonne valeur de Rt, on va visualiser la montée du signal de sortie lorsqu'on attaque l'ampli en carré, et on va mesurer le temps de montée sans oscillations :



Rt est trop grande, l'amortissement n'est pas suffisant, il reste des ondulations





Rt est correcte, les ondulations ont disparu, le temps de montée n'est pas trop grand





Rt est trop faible, le temps de montée est trop grand

Conclusion : une valeur de l'ordre de 7 à 8 kohm est correcte.
Voici donc le schéma de l'ampli contre-réactionné assagi :


J'ai choisi une valeur normalisée, 8200 ohm; attention, il faut une résistance de puissance ! (3W)

Bon, on peut considérer que cette partie de l'ampli est opérationnelle ...




A suivre : préampli correcteur