Remise en route d'un poste PHILIPS type 2534
Réparations et essais (suite)
Lors du premier essai, le réglage de CV1 semblait étrange : tout d'abord, on n'avait pas franchement de syntonisation, le maximum de réception était vraiment flou et surtout, il suffisait de toucher à peine au CV pour que l'accord disparaisse ou réapparaisse. J'ai donc décidé d'expertiser ce CV. Tout d'abord, il faut déposer du châssis, seulement, il est coincé entre le bloc de condos et la boite contenant S1 à S3 : Entouré en jaune, le point "chaud" du circuit d'accord La boite de la bobine est maintenue à l'aide de 3 vis : L'équerre support du potard de réglage de gain HF tient avec les 2 mêmes vis que la boite de la bobine Une fois les 3 vis enlevées (avec les rondelles), on y voit plus clair : (cliquez sur la photo pour l'agrandir) La boite contenant S1-S2-S3 On peut maintenant s'occuper de CV1 ... tout d'abord, je vais le mesurer. Mesure de CV1 : Réglé au minimum, la capacité de CV1 est quasiment nulle, ce qui est normal Au repère 80, soit presqu'à 50%, la capacité n'est que de 40pF Au repère 140, elle n'est toujours que de 110pF, ce qui ne fait pas beaucoup ! A ce réglage, si j'appuie sur le tambour gradué, ce qui fait une contrainte mécanique srur CV1 : La capacité augmente à 290pF Autrement dit, il y a un mauvais contact interne à CV1. D'ailleurs, réglé au maximum, la capacité devient presque nulle : Il faut donc réparer CV1... on dévisse la vis qui maintient le tambour sur son axe : Puis on enlève les 3 vis qui retiennent CV1 sur l'équerre-support : Voilà CV1 déposé : Démontage de CV1 : Dépose du ressort spiral de prise de contact Dépose du disque et de la plaque de fermeture Les lames mobiles sont prises en sandwich entre 2 disques de mica.(cliquez sur la photo pour l'agrandir) L'ensemble de toutes les pièces constituant CV1 Il y a 7 lames mobiles et 6 lames fixes. J'ai passé les lames mobiles (en cuivre) et les rondelles de contact à l'acide pour les désoxyder. En effet, la prise de contact se fait par des petites languettes des lames mobiles qui passent par le trou des disques de mica et sont rabattues. Les rondelles intermédiaires relient donc électriquement toutes les languettes. Si jamais un seul de ces contacts est mauvais, c'est toute la chaine des contacts qui est interrompue (les rondelles sont en série donc) Une fois nettoyées et séchées, voici les pièces prêtes à être remontées : (cliquez sur la photo pour l'agrandir) Remontage de CV1 : Il faut procéder avec minutie car les lames mobiles sont de simples feuilles de cuivre. J'ai d'ailleurs du coller un petit bout d'alu adhésif pour remplacer une languette qui était cassée : La première lame mobile entre ses 2 disques de mica La première lame fixe avec ses 2 rondelles entretoises pour la suivante La dernière rondelle contact est recouverte par la rondelle à souder sur laquelle viendra le ressort de contact Le disque de bakélite La plaque en bakélite sur les lames fixes Vérification de CV1 : Vérifions la capacité : Tout semble normal Seulement, une remarque me vient à l'esprit : rien ne vient serrer l'empilement des lames mobiles et des rondelles de contact. Ce n'est pas la plaque de bakélite qui appuie sur le disque de bakélite qui suffit. Et je crois que c'est là le défaut de conception de ce condo variable : avec le temps, il se peut que la pression sur les rondelles de contact diminue et les contacts peuvent s'oxyder. Je décide donc de faire une modification mécanique pour maintenir l'ensemble sous pression : J'ai percé un trou de 1,5 sur l'axe J'emboite un ressort de 3-4 spires (que j'ai coupé dans un plus grand) Une goupille faite d'un clou laiton maintien le ressort par l'intermédiaire d'une rondelle d'appui Une goutte de soudure empêche le clou de s'en aller Et voici la preuve que cette modification était nécessaire : Le fait de comprimer les lames fait que la capacité maximale est maintenant de 650pF Voilà il n'y a plus qu'à remonter CV1 et la bobine d'accord.
Et bien l'essai est tout à fait concluant, on a maintenant une vraie syntonisation, c'est-à-dire que le réglage de CV1 est indispensable. La réception est bien plus puissante lorsque l'accord est correct. Position des cadrans lors de la réception de France Inter GO, antenne sur A2 J'ai remarqué lors de cet essai, que le volume variait tout seul. Pas beaucoup, mais suffisament pour être gênant ... J'ai alors mesuré la tension -P1 et je me suis aperçu qu'elle variait un peu. Puis j'ai mesuré la tension aux bornes de R5, qui aurait du être nulle : tiens tiens, cela est la preuve que le condo C2 présente une légère fuite. Zut, cela veut dire que C2 serait à changer ... Bon ce n'est pas très gênant, mais tout de même, je me demande si les 4 autres condos ne sont pas dans le même état. Je fais la même mesure aux bornes de R4 : Alors là, c'est fort ! 4V de chute aux bornes d'une 100k, cela fait une fuite de 40µA. Donc C4 fuit aussi. Et là c'est plus grave : en effet, cela veut dire que la tension de polarisation de la B443 est plus faible que la valeur normale. Autrement dit, on risque de saturer la lampe et surtout, elle consomme plus que ce qu'il faudrait.
C'est décidé, je vais vérifier tous les 5 condos du bloc. En effet, si les 2 condos de filtrage des polarisation fuient, ce n'est pas très gênant, mais si les 3 autres fuient autant, cela veut dire qu'au mieux, de l'energie est perdue, au pire, les condos risquent de chauffer et ... d'exploser ! Voici le principe de la mesure : On ne peut pas se contenter d'utiliser un ohmmètre car il faut tester les condos avec une tension élevée, proche de leur tension nominale. On utilise donc une alim HT, réglée mettons à 200V, pour alimenter le condo Cx sous qu'on teste. Mais on ontercale une résistance de valeur connue. J'ai pris 100kohm ce qui permet de détecter des fuites minimes tout en assurant un débit maximal de 2mA en cas de court-circuit franc du condo. Si le condo est bon, une fois chargé, il n'y a aucun courant qui circule dans le circuit. Au contraire, si on détecte un courant, c'est que le condo présente une résistance parallèle de fuite. En mesurant la tension aux bornes de la résistance de 100kohm, on en déduit le courant de fuite, puis, par un simple calcul, la résistance de fuite équivalent. Voici les mesures pour les 5 condos : Catastrophe ! Ils fuient tous ! Bien sûr, c'est moins du mA, ce n'est pas grave pour C0 et C1, mais déjà cela veut dire que la tension +E est diminuée et surtout, cette fuite est inadmissible pour les tensions de polarisation -P1 et -P2 puisque les résistances série R4 et R5 vont faire perdre plusieurs volts ! J'ai fait un petit tableau Excel pour calculer la résistance de fuite des 5 condos à l'aide de la formule ci-dessus : Bien, je sais ce qu'il me reste à faire ....
Au début de cette restauration, je m'étonnais de ne pas à avoir à refaire la boite de conserves ... J'aurais du faire ce que je faisais d'habitude : changer systématiquement les blocs de condos ! Bref, on y va. Pas de difficulté particulière à cette opération lorsqu'on l'a déjà fait. C'est un peu sale, mais pas bien compliqué. Juste une remarque au passage : le bloc est coincé entre les 2 tambours-cadrans des CV et je pense que les pattes ne vont pas passer ... La résistance R1 qui est fixée sur le bloc, doit être au moins écartée, il faut donc enlever les 2 tiges qui la maintiennent Il y a 4 rondelles en carton à conserver avec les 2 tiges : Puis il faut écarter la résistance R1 : et enlever les 4 vis de fixation : Les 2 vis à l'avant Le bloc sort alors : à condition d'avoir libéré les bouts des cadrans en celluloïd pour que les pattes arrière puissent passer : La date de fabrication du bloc : 6 décembre 1930 La suite est connue : dépose de la plaque des bornes, dépose du maximum de goudron pour ne conserver que de la parafine : Puis on chauffe au décapeur thermique sur les côtés pour décoller les condos enroulés. On peut s'aider d'un tire-bouchons planté au milieu des condos ! Au remontage, maintenant que le container est vide, il faut prévoir 2 cales en carton épais pour maintenir la plaquette des bornes : En faisant les cales 2 mm moins hautes que la profondeur du container, la plaquette à bornes viendra appuyer sur leur tranche (entourées) Essai à blanc du maintien de la plaquette à bornes Pour remplacer les condos, on a de la place car les condos modernes sont bien plus petits que ceux de 1930 ! Voici les valeurs que j'ai utilisées : C0 et C1 sont des chimiques, donc polarisés, donc il faut faire attention lors de leur positionnement. Ils sont isolés à 450V, mais c'est du luxe, 250V aurait suffit. De même, j'ai mis des 10µF mais des 4,7µF auraient suffit. C2, C3 et C4 sont des polyesters, isolés à 100 et 250V ce qui est suffisant. Il n'y a qu'à souder tout ça sous la plaquette à bornes, en respectant bien sûr, la place de chaque condo : Attention lors de la fermeture, comme la plaquette à bornes est symétrique, il faut faire attention à son orientation : Les 2 condos chimiques (C0 et C1) sont du côté des pattes de fixation du container !
Une fois le bloc remonté sur le châssis puis raccordé, un essai s'impose. Les tensions ont bien varié. Cependant, on n'a plus de variation de volume et surtout, la tension de polarisation de la B443 n'est plus aussi faible. Une mesure de tension aux bornes de R4 et R5 a d'ailleurs montré qu'il n'y a plus du tout de fuite. Voici le schéma de l'alim avec les tensions mesurées : Vous pouvez télécharger le schéma complet avec les tensions ICI
Les essais précédents ont montré que la valve d'origine était pompée, ce qui est souvent le cas d'ailleurs. Le plus simple est de réaliser un ersatz dont le circuit sera incorporé dans l'embase de la valve d'origine. On conservera son ampoule, les connexions de celle-ci seront coupées. Voici les étapes de la réalisation : Après trempette 12h dans le diluant, la colle est dissoute et on peut désassembler l'ampoule et l'embase de la 506 d'origine en chauffant les broches au décapeur thermique Une résistance de 39 ohm est soudée dans chaque broche filament, une résistance de 220 ohm dans chaque broche d'anode Les pattes des deux 39 ohm sont soudées ensemble, formant une cathode virtuelle. Sur cette cathode, 2 diodes sont soudées, leur anode étant soudée sur une résistance de 220 ohm Un essai in situ, juste pour vérifier que tout est ok Les connexions de la 506 sont coupées au maximum. Attention lors de l'opération de ne pas endommager le queusot : l'air rentrerait dans l'ampoule et le getter deviendrait blanc ce qui ne ferait pas très réaliste ! Collage de l'ampoule à l'embase. Pour information, j'utilise une colle de marque Sader qui me semble très efficace : Ce n'est pas de la cyano, pas de risque de se coller les doigts, et pourtant, elle colle en quelques minutes ! Pour essayer cet ersatz, j'ai reprogrammé le répartiteur de tension -qui était resté sur 240V- sur la position 225V qui correspond mieux au secteur dont je dispose. Les tensions de nouveau mesurées sont nettement plus fortes, ce qui n'est pas plus mal pour le fonctionnement : Vous pouvez télécharger le schéma complet avec les nouvelles tensions mesurées ICI Voilà, on peut considérer que le châssis radio est opérationnel, on peut maintenant passer à la rénovation du boitier métallique !